Huis clos au poste de la Police des Airs et des Frontières qui met principalement en scène Imago, jeune homme d'origine africaine, sortant de prison et menacé d'expulsion, et l'inspecteur Charon, étrange policier, qui doit appliquer la loi et convaincre Imago de retourner de plein gré dans son pays. D'entrée de jeu Imago réfute pouvoir être expulsé : "C'est le territoire français qui est entré en moi et pas l'inverse, alors je vois mal comment on pourrait m'expulser." (p.11) A ce discours humaniste, s'oppose la vision européenne symbolisée par l'inspecteur Charon, qui propose alors trois possibilités à Imago. "La première… c'est de prendre sagement le prochain convoi qui s'envole pour l'Afrique dans quelques heures ; alors tout se passera bien. […] La deuxième possibilité que vous avez, c'est de retourner en prison, aux frais du contribuable et tout le temps qu'il faudra, jusqu'à ce que vous vous décidiez à assumer votre expulsion. Mais dans ce cas vu les frais et la perte de temps occasionnés, je ne peux pas vous garantir que c‘est en avion que vous rentrerez chez vous. Maintenant la troisième possibilité […] c'est de remplir et de signer ce document qui décharge l'Etat français de toute responsabilité quant à votre sécurité et où vous renoncez pour toujours à faire une demande de visa et de titre de séjours auprès des services compétents ; ensuite vous pourrez sortir d'ici librement bien entendu." (p.15-16) Imago refusant de choisir, l'inspecteur Charon retourne contre lui son calepin, une sorte de journal intime qui évoque son arrivée en France, ses relations avec son père, les femmes qu'il a rencontrées… Ainsi, l'inspecteur Charon tente de démontrer en quoi l'Afrique traverse son regard et son quotidien et combien il serait mieux là-bas que dans un pays, que finalement il n'aime pas. Un véritable duel de pensée s'installe entre les deux hommes sur des sujets politiques, philosophiques et parfois même psychanalytiques. Finalement, alors que l'inspecteur Charon parvient, avec quelques violences, à faire reconnaître ses origines à Imago, il reçoit une circulaire issue d'un nouveau décret de loi sur l'entrée et le séjour des étrangers. Ce document stipule que toute personne entrée en France avant l'âge de dix ans ne peut être expulsée. Imago étant entré à l'âge de six ans, est concerné par cette circulaire et est donc libre, laissant derrière lui l'inspecteur éreinté par cet interrogatoire.