Avec
Simon Gillet, Frédéric Martin et Medhi Benrahou
Mise en Scène Syméon Fieulaine


"Conte, conté, à conter…
Es-tu véridique ?
Pour les bambins qui s'ébattent au clair de lune,
mon conte est une histoire fantastique.
Pour les fileuses de coton pendant les longues nuits
de la saison froide,
mon récit est un passe-temps délectable.
Pour les mentons velus et les talons rugueux, c'est une véritable révélation.
Je suis à la fois futile, utile et instructeur."

Extrait des "Contes initiatiques peuls" de Amadou HAMPATE BA, Editions Stock.

Kaïdara

Librement adapté de l'œuvre de Amadou Hampâté Bâ.
La pièce s'intègre dans un projet d'échange culturel avec l'Afrique (ancien empire du Manden, mission Dakar-Djibouti)

"Ma journée est faite ; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons ; les climats perdus me tanneront. Nager, broyer de l'herbe, chasser, fumer surtout ; boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant…
Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'œil furieux :
sur mon masque, on me jugera d'une race forte.. J'aurai de l'or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds."
ARTHUR RIMBAUD. Mauvais sang.

L'Afrique fascine ; rien qu'en évoquant son nom on voit déjà apparaître des images plus ou moins précises : une oasis, un lion, le rythme d'un tambour, un sourire…. N'étant pas Africains, notre point de vue vient plutôt de l'Europe que de l'Afrique, et au delà des paysages et des stéréotypes que nous reste-t-il ? La vision de l'Afrique par les Européens : quelle chose fascinante ! Il s'agit souvent de prêter à d'autres ce qu'on se refuse à soi-même.
Le projet des Faiseurs de Pluie vient d'un désir de créer à partir des souvenirs des voyages faits par Leiris, Griaule, Monfreid, Rimbaud, Delacroix et plus récemment Burroughs, Bowles et autres Rolling-Stones sur le continent africain….
Sur cette terre mille fois rêvée, aimée, pillée, la compagnie les Faiseurs de Pluie souhaiterait créer un endroit de partage, une mission à l'image de celle de Griaule mais en sens inverse.
Témoigner à un peuple, à une nation notre reconnaissance vis à vis de choses que nous avons apprises et apprenons encore grâce à elle, même si les leçons semblent vouloir être données de ce côté-ci de l'hémisphère.
Une parole a été écrite parce qu'elle semblait nécessaire. Elle l'est pour nous, et ceci semble suffisant pour le faire savoir à ceux qui nous l'ont offerte, bien souvent malgré eux ou du moins sans le savoir.
KAÏDARA est un conte initiatique peul. Il est issu de la tradition orale et a été retranscrit par Amadou Hampâté Bâ à la demande de l'UNESCO.
Notre jeune compagnie a choisi son guide pour faire partager au public l'Afrique, ce sera KAÏDARA, le lointain et bien proche KAÏDARA.


UN CONTINENT , DEUX AUTEURS
Dans le cadre d'une année thématique sur l'Afrique, notre compagnie a travaillé sur "Combat de nègre et de chiens" de Bernard-Marie Koltès. Nous avons confronté ce texte à des lieux souvent inadaptés à une représentation théâtrale dite classique, cherchant "ces lieux qui sont une métaphores de la vie ou d'un aspect de la vie…" et répondant à une envie d'Afrique : bars, usines, circuits… chaque lieu révèle un rapport au texte différent. Les matériaux acquis lors du "Chantier Koltès" ont servi à la création de la pièce dans son intégralité lors d'une résidence réalisé au 3 Bis F, à Aix-en-Provence, en avril 2002.
"Le lointain et bien proche Kaïdara" de Amadou Hampâté Bâ est un conte initiatique, présentant la quête de "celui qui est le puits de la science et la montagne de la sagesse", guide utile pour une jeune compagnie. Il s'agit de la deuxième création de la compagnie.
Conte généralement dédié au "Jeune Public", mais qui s'adresse également aux adultes, nous l'avons travaillé à travers une rencontre entre oralité et théâtre, parole et image, liant les deux par un travail rythmique : un "théâtre à l'Africaine" car l'Afrique nous a inspiré et ce spectacle lui est destiné comme témoignage de notre attention.

L'HISTOIRE
Le souffle du vent, le sable chaud, un soleil brûlant, la lumière d'une étoile dans le désert.. L'univers envoûtant de ce conte africain prend vie sur un plateau sans décor, avec pour seuls accessoires : bâtons, tambourins et étoffes de couleur.
Dans un monde enchanteur, une Afrique mystérieuse et merveilleuse, Kaïdara raconte le voyage initiatique de trois compagnons : Hammadi (Simon Gillet), Hamtoudou (Serge Auble) et Dembourou (Medhi Benrahou) partis à la recherche du "lointain et bien proche Kaïdara", dieu de l'or et de la connaissance, source de sagesse, de science et de richesse. Enigmes à résoudre, rencontres et découvertes insolites les attendent : un vieux sage, un scorpion, un caméléon, une chauve-souris…
Sur le chemin du retour, un seul sortira victorieux de toutes les épreuves : celui qui, par amour de la connaissance, aura su ne rien garder pour lui de l'or reçu dans la demeure du dieu. Devenu roi sans l'avoir cherché, il recevra plus tard en suprême récompense la visite de Kaïdara lui-même et la révélation des secrets de tous les symboles rencontrés.
Ici les acteurs – à la manière des conteurs griots africains- jouent à tour de rôle les personnages rencontrés et content l'histoire.
Entre théâtre, chant, mime et conte, ce spectacle captive par son rythme : rythme de la marche de nos trois compères et du récit lui-même, qui passe du comique à la pure poésie. Au rythme de leur marche, la magie lentement s'impose mêlant allégrement gaieté et poésie.
Destiné aux enfants, Kaïdara offre une symbolique riche qui devrait aussi combler les adultes amateurs de réflexions philosophique et/ou de culture africaine et des contes.