Création 2004 en résidence au Tapis Vert en Basse-Normandie
(Deuxième temps du triptyque des Siams #3 §)
Conception et chorégraphie, Karry Kamal Karry
Danseurs, Yoshifumi Wako
film- vidéo –lumière, Ralph Louzon
scénographie & lumière, Karry Kamal Karry
régie lumière, Xavier Guille
Co-production :
Compagnie Karry Kamal Karry, Biennale de Biwako Japon,Tapis Vert Basse-Normandie.
Co-réalisation :
Théâtre du Lierre Paris, Théâtre Prévert Martigues, Festival Dance Box-OSAKA, Gare au théâtre, Théâtre de Tence.
Avec le soutien de :
CND (centre national de la danse) accueil studio, Centre Culturel Franco-Japonais, Espace Culturel Bertin Poirée-Tenri, CDMC (Centre de Documentation de la musique contemporaine) Marianne Lyon.
"Un processus expérimental"
Karry Kamal Karry questionne le corps dans sa réalité quotidienne. Une réflexion sur le corps et son rapport au monde. C'est par sa relation au temps, à la fois comme histoire et comme temps chorégraphique, qu'il faut d'abord saisir la danse de Karry Kamal Karry. Le parcours et le destin personnel de celui-ci sont pourtant marqués entre sud et nord.
Le temps avant l'espace, le temps pour maîtriser, transcender et finalement renverser au bénéfice de la danse. Les innombrables contradictions nées du déracinement et du passage, entre trois civilisations, trois cultures de penser la danse et la vie.
Car pour voir toute la richesse, la profondeur, et la délicatesse des mouvements, mais aussi l'inquiétude et la violence qui habite la danse de Karry Kamal Karry, il faut comprendre la nature très particulière de son rapport à l'histoire et à la tradition.
La danse de Karry est d'abord un mouvement, un cheminement au jour le jour, fondé sur un geste d'une radicalité absolue. Une recherche, au sens propre, de l'insensé ce qui n'est pas préalablement habité par le sens.
Il ne s'agit pas d'un paradoxe. Plutôt d'une nécessité première : chez ce jeune chorégraphe, profondément habité par l'histoire et par sa propre responsabilité par rapport aux traditions dont il est le dépositaire, l'invention passe d'abord par la destruction de toute forme pré-établie.
Cette démarche lui permet de créer dans l'instant quelque chose à l'infini, un moment de la vie partagée avec autrui, sa danse crée une sorte de poétique de métaphysique instantanée.
Bakemono § # 2 une œuvre "expériencielle"
Inclassable, cet artiste brouille les frontières entre les genres en élaborant une rencontre complexe entre la matière et le corps en mouvement, entre la matière et le son. Aboutissement des diverses explorations qu'il a menées tout au long de son laboratoire de la décade. Ici elles s'allient à une vision artistique forte pour mieux interpeller les sens du spectateur.
Dans un monde où nous voudrions être partout à la fois, un monde technologique qui échappe à notre contrôle et dans lequel le virtuel occupe de plus en plus d'espace, la place du corps semble trop souvent menacée. Or, le corps demeure au centre de l'œuvre de ce jeune créateur, qui nous propose un "déverrouillage sensoriel" à travers cette expérience esthétique et plastique fascinante.
En effet, agissant par voie sensorielle, cognitive et affective, l'œuvre nous amène à percevoir différemment l'espace, l'autre, ainsi que notre propre corporalité. Il semble que les stratégies esthétiques déployées puissent permettre au spectateur de comparer le corps mis en scène à l'image mentale qu'il se fait de son propre corps, et l'amener ainsi à prendre conscience de son identité corporelle et de son être-au-monde.
Karry Kamal Karry a élaboré son projet en privilégiant une approche non hiérarchique des divers éléments représentés; percevant son travail comme un échange à fleur de peau entre la danse, la vidéo, la lumière, le son, l'espace et la matière. En fait, l'artiste veut désarmer la réception passive en créant un environnement polysensoriel stimulant.
Tout le dispositif d'installation vise donc à procurer une expérience esthétique intense, au cours de laquelle le spectateur se trouve physiquement engagé. En utilisant très peu de lumière, l'artiste joue, par exemple, sur le phénomène de persistance rétinienne, afin de créer des effets d'absence, présence. De plus, le système de sonorisation acoustique développé pour Bakémono permet au spectateur non seulement d'entendre différentes couches sonores, mais aussi de ressentir physiquement les vibrations des sons du danseur captés dans la bulle.
Si le spectacle s'avère une expérience sensitive et optique destabilisante, il éveille aussi d'autres sens. L'ensemble des stimuli sensoriels vient ainsi confondre le spectateur, et l'invite donc à la réflexion.