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Née en Inde en 1957, Mira Nair étudie à l'Université de New Delhi. Les activités artistiques l'attirent : elle se lance dans le théâtre de rue politiquement engagé pendant trois ans, avant de décrocher une bourse d'études pour poursuivre l'apprentissage de l'art dramatique à Harvard.
Sur place, elle est déçue : en comparaison avec son expérience indienne, elle estime que le théâtre enseigné est trop conventionnel, trop rigide. Agacée que l'acteur soit toujours à la merci du metteur en scène, et désireuse de tenir les rênes, elle se tourne vers la réalisation.
Entre 1979 et 1987, elle signe plusieurs documentaires ("India cabaret", 1985, "Children of desired sex", 1987...) Déjà, Mira Nair fait parler d'elle. Dans le second, elle dévoile les abus de l'amniocentèse en Inde (légitimée pour faire un bilan génétique du foetus, en réalité utilisée pour déterminée le sexe). Si le bébé est une fille, les femmes avortent...
En 1987, Mira Nair defraye la chronique avec son premier long métrage (Caméra d'Or et Prix du Public au Festival de Cannes 1988) : "Salaam Bombay", qui raconte l'histoire de Krishna, un petit garçon de dix ans qui, abandonné par un cirque itinérant, est livré à lui-même dans les bidonvilles de Bombay. Ce film tourne le dos à la tradition indienne des films de studios, "décrit la réalité des enfants qui se voient refuser leur enfance, des enfants qui survivent dans la rue avec résignation, humour, flamboyance et dignité" (Mira Nair).
Sensible à des sujets encrés dans la réalité sociale, la cinéaste réalise en 1990 "Mississipi Massala" dans lequel elle explore deux thèmes récurrents dans son oeuvre : l'exil et le racisme, repris dans "The Perez Family" (1995), qui dépeint le destin de réfugiés cubains aux Etats-Unis.
En 1996, avec "Kama Sutra : une histoire d'amour" (amitié et rivalité entre une princesse et une servante devenue courtisane), Mira Nair défie une des règles cruciales du cinéma indien qui empêche toute représentation du sexe à l'écran, en dehors d'une suggestion (parfois malhabile) par le chant et/ou la danse.
La censure indienne prend alors la réalisatrice en grippe qui s'engage alors dans une longue bataille de 18 mois pour que son fil puisse être projeté dans toutes les salles du pays, dans sa version intégrale.
Mira Nair renoue ensuite avec ses racines avec "Monsoon Wedding" (2001), une oeuvre colorée qui montre la transition de l'Inde traditionnelle vers l'Inde moderne.
Si elle doit une grande partie de son succès au caractère polémique de ses films où elle n'hésite pas à transgresser les tabous, l'hybridité de son style n'y est plus étrangère.
Dans un même film, se côtoient séquences caméra à l'épaule qui rappellent le documentaire, et plans "léchés", propres au cinéma hollywoodien et bollywoodien.
Une oeuvre hétérogène donc, où les cultures et styles alternent, sans jamais s'entrechoquer.
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